Dans le tarot classique Rider-Waite-Smith, l’arcane V, Le Pape, représente un guide spirituel, une figure d’autorité transmettant des enseignements.
Dans mon tarot inspiré de l’univers de Lewis Carroll, ce rôle est incarné par la Chenille Bleue, haut perchée sur son champignon, fumant son narguilé et posant à Alice une question aussi déconcertante que fondamentale : Qui êtes-vous ?
Le champignon, un portail vers d’autres dimensions
Dans Alice au Pays des Merveilles, le champignon sur lequel trône la Chenille n’est pas qu’un siège confortable : c’est un agent de transformation. Un côté fait grandir, l’autre rapetisse. Ce simple végétal devient l’emblème d’un monde où les lois de la nature ne sont plus fixes, mais malléables. Le champignon est donc symbole de métamorphose, mais aussi d’instabilité : comment savoir qui l’on est quand notre taille — notre perception de nous-même — varie sans cesse ?
Dans le tarot, cette idée rejoint le cheminement intérieur que propose l’arcane V du Pape. Là où les cartes précédentes (le Bateleur, la Papesse, l’Impératrice, l’Empereur) évoquent des forces fondatrices de l’individu, Le Pape nous invite à remettre en question ces acquis à travers une quête de sens.
La Chenille n’impose pas un dogme : elle initie.
Grandir ou rapetisser
Ces changements de taille permettent aussi de parler de l’ego, de la confiance en soi, de notre rapport au monde.
En devenant minuscule, Alice découvre de nouvelles perspectives, mais perd aussi pied. En devenant géante, elle s’effraie d’elle-même. Le champignon, par son pouvoir de distorsion, dévoile les illusions sur lesquelles reposent nos jugements et nos identités.
L’arcane du Pape devient un miroir déformant, un guide paradoxal : il ne donne pas les réponses, il nous aide à comprendre que les questions elles-mêmes sont des tremplins vers la croissance.
Apprendre à choisir sa taille
Alice finira par comprendre comment utiliser le champignon à bon escient. Elle découvre que la maîtrise de sa taille (et donc de sa place dans le monde) est possible, mais exige beaucoup.
Ecouter son ressenti, expérimenter et faire des erreurs, questionner ses croyances héritées et ses habitudes, se confronter à nos illusions (de grandeur ou d’infériorité), explorer avec discernement de nouvelles façons de percevoir le réel, trouver un équilibre entre apprentissage, expérience et intuition…
En guise de conclusion
Le Pape de mon tarot n’est pas un enseignant traditionnel. Il est fumeux, déroutant. Mais c’est précisément cela qui le rend précieux : comme le champignon, il ne donne pas une vérité universelle, il offre un outil de transformation.
Alors, la prochaine fois que cette carte surgira dans un tirage, souvenez-vous : la question n’est pas que voulez-vous devenir ? mais plutôt… Qui êtes-vous, vraiment ?
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